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7 juin 2020 7 07 /06 /juin /2020 17:52

Réfutations des arguments judéo-chrétiens sur Ismaïl (as), sa particularité et son sacrifice II 4/4

(Article de Nordine Bennecer)

Le scénario du sacrifice

Nous parlons de scénario car il s’agit de reconstituer le déroulement du sacrifice avec toutes ses composantes et de le plaquer sur les deux enfants bénis.

Tout d’abord, notons que cette « reconstitution » a été laborieuse car elle n’est jamais présentée de manière détaillée dans la Bible et les évènements sont séparés les uns des autres car le fait de les mettre bout à bout, dans l’ordre de déroulement chronologique du récit pose un énorme problème pour les falsificateurs. En effet, en rétablissant les faits, nous nous apercevons que les évènements ont été séparés sciemment de manière à leur retirer toute logique narrative et empêcher que la démonstration rationnelle conduise à démontrer qu’Ismaïl (AS) est l’enfant sacrifié.

Du sacrifice chez les chrétiens

Les chrétiens recourent au déroulement du sacrifice abrahamique pour l’appliquer à Jésus et ainsi proposer une nouvelle alliance.

L’alliance chrétienne

Leur message consiste à proposer une nouvelle alliance basée sur le sacrifice de Jésus. Selon leur croyance, Dieu aurait donné son fils unique au monde (cette fois-ci il n’y a qu’un seul enfant, il n’en existe pas d’autre et il est abandonné à la vindicte populaire, d’où son cri selon les chrétiens « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné) et sacrifié sur la croix en vue de racheter les péchés pour quiconque croit en sa mort expiatoire.

Cette histoire retrace le processus du scénario de l’alliance abrahamique car il en décrit les étapes par le sacrifice de Jésus, sa mort et l’alliance proposée. Ces 3 points constituent les étapes qui ponctuent l’alliance christique, elles-mêmes reprises des étapes abrahamiques. Elles sont consignées dans la Bible pour celui « qui vient avec un cœur sain ».

 

1ère étape : le choix de l’enfant unique, offrande à la divinité

Nous avons vu plus haut que les religions antiques qui pratiquaient des rites sacrificiels sacrifiaient obligatoirement le premier-né et jamais le deuxième enfant. En donnant le premier enfant, le but était de faire passer la volonté de la divinité avant celle de l’homme, obtenir la fécondité dans la famille et les biens, la bonne récolte ainsi que la bénédiction. Nous voyons à travers l’exemple des fils d’Adam, que l’un a donné en sacrifice le premier-né de son troupeau et son offrande a été acceptée tandis que le deuxième a gardé pour lui les premiers fruits et a offert les suivants, satisfaisant son égo avant de se soumettre au très-haut, d’où le rejet de son offrande. Rappelons ce que dit la Bible concernant les sacrifices :

« Tout premier-né m’appartient, même tout mâle premier-né dans les troupeaux… ». (Exode 34. 19).

 « Tu rachèteras avec un agneau le premier-né...Tu rachèteras tout premier-né de tes fils. (Exode 34. 20).

C’est ce que la Bible affirme avec force : c’est le premier enfant qui est sacrifié. Pour les chrétiens, Dieu a sacrifié son unique enfant en la personne de Jésus.

2ère étape : La mise à mort de l’enfant unique

C’est le moyen par lequel l’homme donne son offrande et se soumet. Ibrahim a donné son fils unique en soumission à Dieu tout comme le Dieu des chrétiens a offert son fils unique en soumission à l’amour du monde « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique » (Jean 3. 16).

C’est cela la véritable soumission car elle consiste à faire passer son égo après la volonté de Dieu.

3ère étape : l’alliance comme conséquence du sacrifice

L’alliance traduit la soumission de l’homme aux commandements divins et s’exprime par la croyance en un Dieu unique. Chez les chrétiens, elle se traduit par la croyance en la mort expiatoire de Jésus en échange de quoi les péchés sont rachetés et la vie éternelle est donnée à celui qui partage cette croyance.

Il s’agit de traduire dans les faits la forme que prend l’alliance. Chez Ibrahim, elle se concrétise par la circoncision qui est une ablation du prépuce et donc une inscription dans la chair (Vous vous circoncirez et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous, Genèse 17. 11). Les chrétiens traduisent aussi l’alliance par une circoncision, mais il s’agit de celle du cœur. C’est le règne de l’esprit sur celui de la chair.

Au-delà des explications pour justifier les positions des uns et des autres, nous devons nous arrêter sur le processus qui a conduit à l’application de l’alliance, qu’elle soit de chair ou d’esprit.

Les 3 étapes récapitulant ce processus sont : choix de l’enfant unique, sacrifice, circoncision. Il s’agit du processus suivi par Ibrahim et repris par les chrétiens.

La Bible se fait l’écho de ces étapes :

« Rassemblez-moi mes fidèles qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice » (Psaumes 50. 5).

L’alliance se fait d’abord par le sacrifice, c’est-à-dire que pour qu’il y ait alliance et donc la circoncision, il faut en premier lieu le sacrifice. On a donc le sacrifice, puis l’alliance et enfin la circoncision.

Dans ce cadre, Ibrahim a donc sacrifié son fils unique et l’a ensuite circoncis.

Appliquons alors ce schéma à l’interprétation judéo-chrétienne.

Ibrahim a pris son fils unique, en dehors duquel il n’existe pas d’autre enfant de sexe masculin, et qui est abandonné puis l’a sacrifié et enfin circoncis.

En conséquence, il a pris Ishaq, l’a sacrifié et circoncis. Comme l’alliance se traduit par la circoncision, le patriarche a dû circoncire Ishaq en premier, puis tous les hommes de sa maison et lui-même en dernier le jour où Dieu le lui a ordonné. Cela a donc crée un précédent pour tous les enfants qui viendrait après…Quant à Ismaïl, étant absent, il n’a pas pu être circoncis…

Vous le constatez, ce schéma ne s’applique pas à Ishaq car il a été circoncis au huitième jour de sa vie, ce qui implique que l’épisode du sacrifice a dû avoir lieu entre le jour de sa naissance et le huitième jour.

Nous savons que l’enfant du sacrifice était un jeune enfant qui posait des questions et donc avait une certaine conscience et perception de son environnement :

« Abraham circoncit son fils Isaac âgé de huit jours, comme Dieu lui avait ordonné » (Genèse 21. 4). Il l’a circoncis en raison d’un précédent, sur ordre divin, survenu avant la naissance d’Isaac. En conséquence, le sacrifice précédant la circoncision, Ishaq ne peut être l’enfant sacrifié.

Le précédent à la naissance d’Ishaq, acte fondateur de l’alliance abrahamique

Nous savons qu’Ismaïl a été circoncis avant Ishaq, alors nous devons nous interroger sur cette situation :

En vertu de quel ordre divin Ibrahim a décidé de circoncire Ismaïl ?

« Abraham prit son fils Ismaël, ainsi que tous ceux qui étaient nés chez lui et tous ceux qu’il avait achetés, tous les hommes parmi les membres de son foyer, et il les circoncit le jour même, conformément à l’ordre que Dieu lui avait donné » (Génèse 17. 23).

Ils ont tous été circoncis en vertu d’un ordre divin et le premier circoncis fût Ismaël. Cette circoncision fait suite à l’épisode du sacrifice de l’enfant unique. Il est jeune et Ismaïl fût circoncit à l’âge de 13 ans, ce qui correspond à l’image biblique du jeune enfant accompagnant son père. Le sacrifice d’Ismaïl fût suivi de la circoncision qui marque l’entrée dans l’alliance. Il est le premier être à entrer dans l’alliance de Dieu par ce moyen.

Le schéma de l’alliance s’applique parfaitement à Ismaïl. Ibrahim a pris son fils unique et l’a proposé au sacrifice comme demandé par Dieu. Il s’est soumis à l’injonction divine et il est entré dans l’alliance qui s’est traduite par la circoncision suivie de celle de tous les mâles de la maison d’Ibrahim et de lui-même. Cela a créé un précédent, appliqué à l’enfant qui viendrait après, c’est-à-dire Ishaq. Il a été circoncis le huitième jour conformément à cette tradition.

Et tous ceux qui viendront après seront circoncis en référence à cette tradition.

La reconstitution du schéma de l’alliance abrahamique permet d’apporter un éclairage sur le processus menant à la circoncision et elle s’applique parfaitement à Ismaïl, fils unique, abandonné, sacrifié et circoncis le même jour que son père. Où était Ishaq ? il n’était pas encore né et comme constaté à de nombreuses reprises dans la Bible, il y a eu une inversion des personnages et une séparation des évènements conduisant à la circoncision.

Le Coran est venu apporter la réponse décisive sur le sujet car les manipulations sont nombreuses et grossières et depuis la dernière révélation, il n’y a plus de livre descendu ni de prophète envoyé.

Que la paix et la bénédiction soit sur notre Maître Mohammed (SAWS), ainsi que sur sa famille pieuse, sur ceux qu’ils l’ont précédés parmi les envoyés et Hommes de bien ainsi que ceux qui le suivent jusqu’au jour de la résurrection.

Amine ya Rabbi lâalamine.

 

Nordine Bennecer.

 

 

 

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6 juin 2020 6 06 /06 /juin /2020 17:48

Réfutations des arguments judéo-chrétiens sur Ismaïl (as), sa particularité et son sacrifice II 3/4

(Article de Nordine Bennecer)

Dans le Coran, lors de l’annonce d’Ishaq dans sourate As-Saffat, il est écrit : « wa bacharnahou bi Ishaq nabiyyan mina salihine ». Le mot Ishaq est placé juste après le verbe et c’est de cette manière qu’il aurait fallu l’écrire aussi dans la Bible/

 « Prends Ishaq ton fils ton unique celui que tu aimes » aurait été la forme grammaticale correcte, mais cette proposition se heurte à 3 problèmes dont les falsificateurs avaient pleinement conscience :

  1.  Thomas Römer est « gentil » avec les siens lorsqu’il évoque « l’inversion par précision » des deux enfants dans ce verset et il consent malgré tout à reconnaître que seul Ismaïl possède cette caractéristique d’enfant unique. Les rabbins tentent de nous convaincre avec émotion qu’il « s’agit de l’unique pour chaque mère » et ainsi Ishaq est aussi un enfant unique pour Sarah.

Là aussi, il faut revenir au sens des mots et Confucius disait à juste titre que « Lorsque les mots perdent leur sens, les hommes perdent leur liberté. ». Il avait compris que le but d’une falsification était d’asservir les hommes en les privant de réflexion par des modifications sémantiques.

Cette histoire d’enfant unique pour chaque mère est à rejeter totalement car elle s’oppose au sens des mots et c’est ce qui explique le ton mélancolique des rabbins lorsqu’ils racontent cette histoire. En touchant la fibre émotionnelle lorsque l’on raconte des histoires, l’être humain met sa raison en « off » et ne réfléchit plus…

Dieu s’adresse à Ibrahim et non pas à ses épouses ; l’ordre lui est donné de prendre son fils ; il s’agit du fils d’Ibrahim et non pas de celui de Sarah. D’un point de vue grammatical, pour que la falsification eût été acceptable, il aurait fallu écrire : « Prends le fils, l’unique… » de manière à ne pas rattacher l’enfant, uniquement à Ibrahim et l’ordre aurait été donné à Ibrahim de prendre l’enfant de Sarah car il est nommé ; or, le pronom possessif rattache l’enfant à Ibrahim, et cet enfant unique (« ton unique ») est celui d’Ibrahim. Seul Ismaïl est l’unique d’Ibrahim.

  1. Le mot « unique » interdit toute référence à Ishaq car lorsqu’Ibrahim a été obligé de prendre une seconde épouse, il l’a fait conformément à une loi qu’il l’y obligeait. La Bible nous rapporte une histoire identique avec Jacob qui a fait de même avec Rachel, son épouse stérile. Celle-ci lui a demandé de « visiter » sa servante Bilha pour avoir des enfants et ils seront les siens.

En offrant sa servante à son mari, l’objectif est que l’enfant de la seconde épouse soit aussi l’enfant de la première (celle qui est stérile). Il y a donc un lien de filiation qui se crée par ce biais, de la même manière que celui qui existe en Islam avec l’allaitement d’un nourrisson par une femme qui n’est pas sa mère biologique. Un lien de filiation se crée avec la mère dite « de lait » et il comporte les mêmes interdictions que s’il s’agissait de la mère biologique.

Sarah est aussi la mère d’Ismaïl qui est son premier enfant d’un point de vue légal et la naissance d’Ishaq ne modifie en rien cela, ni n’annule cette filiation tout comme on ne peut annuler une filiation « de lait ».

En d’autres termes, Ismaïl est l’enfant unique d’Ibrahim, de Hajer et de Sarah.

La nécessaire connaissance de la culture sémite et de ses codes permet de comprendre la trame qui se joue et les falsifications en coulisse…

  1. Le dernier argument que nous allons présenter se suffit à lui-même et élimine, pour ceux qui douteraient encore, l’option « Ishaq (AS) » du récit sacrificiel.

Pour cela, il faut définir le mot « unique » et lui donner ses occurrences afin de l’appliquer à l’un des deux enfants. La Bible nous renseigne sur celles-ci et il est curieux…qu’aucun théologien n’en parle, même si elles sont connues.

 

Le mot « unique » se dit en hébreu « Yachiyd » et les théologiens juifs retiennent deux sens, tous deux issus de la Bible :

 

  1. « Jephté retourna dans sa maison à Mitspa. Et voici, sa fille sortit au-devant de lui avec des tambourins et des danses. C’était son unique enfant (Yachiyd) ; il n’avait point de fils et point d’autre fille.

La définition retenue est que l’enfant unique est celui en dehors duquel il n’y en a pas d’autre de même nature (1) et/ou de même genre (2), autrement dit, il s’agit de celui en dehors duquel il n’existe pas d’autre enfant (nature de l’objet désigné par « unique »), qui soit masculin (genre de l’objet désigné par « unique »). S’il s’agit d’Ishaq, on doit se demander s’il existe en dehors de lui un autre enfant de sexe masculin ? Il existe Ismaïl et selon cette acception, cela ne peut s’appliquer à Ishaq. Seul Ismaïl a été l’enfant en dehors duquel il n’existait pas d’autre enfant de sexe masculin, et cela pendant 13 ans. Il remplit donc la première occurrence.

  1. Les falsificateurs du verset qui nous intéresse ont « omis » un sens tout aussi important au mot « Yachiyd » et ce mot s’est lexicalisé. Pour cela, appuyons-nous sur le Coran qui nous donne la méthodologie à employer grammaticalement pour comprendre les différentes occurrences d’un mot.

Le Coran nous renseigne sur les significations du mot « el yaqine », définit comme la « certitude de ce qui vient immanquablement » et c’est là son premier sens. Ce mot a aussi une autre acception que l’on trouve dans la sourate El Hijr :

« Waâboud rabbaka hatta yatiyaka lyaqine » que l’on traduit par « et adore ton seigneur jusqu’à ce te vienne la mort ».

La certitude signifie aussi la mort et c’est un autre sens du mot « yaqine », d’où son remplacement dans la traduction par le sens second car plus adapté. Idem pour le mot « wafat » que l’on traduit par la mort mais il signifie aussi le sommeil. Ce sens se trouve aussi dans le Coran.

Vous l’aurez compris, les exemples sont nombreux et ils ont pour but de faire comprendre qu’un mot sémite est par nature polysémique, d’ailleurs nous trouvons dans les traductions grecques de la Bible l’emploi de plusieurs mots pour traduire un seul mot d’hébreu ancien.

C’est le cas pour le mot « Yachiyd » qui en plus de signifier « unique », signifie « celui qui est abandonné » et le contexte du récit va nous renseigner sur le choix du sens choisi.

C’est un sens connu des théologiens mais ils refusent et l’ignorent pour ne pas l’appliquer à Ismaïl (AS).

Dans Psaumes 25. 16, il est écrit : Regarde-moi et aie pitié de moi, car je suis abandonné (abandonné est la traduction du mot Yachiyd) et malheureux ». Plus loin, dans 68. 7, il est écrit : « Dieu donne une famille à ceux qui étaient abandonnés » (abandonné est la traduction du mot Yachiyd).

Le mot « unique » a donc deux occurrences dans la Bible :

  1. Celui en dehors duquel il n’en existe pas d’autre de même nature et de même genre.
  2. Celui qui est abandonné.

Il convient donc de traduire le verset de la Genèse en employant la méthodologie sémite qui consiste à prendre en compte toutes les occurrences d’un mot pour les appliquer à la traduction en fonction du contexte.

Dans toutes les hypothèses et selon les deux acceptions du mot « Yachiyd », seul Ismaïl correspond totalement aux significations du mot : Il est celui qui a été l’enfant unique pendant 13 ans, en dehors duquel il n’en existait pas d’autre de même sexe, mais il est aussi celui qui a été abandonné par son père dans le désert d’Arabie à la suite du commandement divin et par la préscience et l’omniscience de Dieu de bénir toutes les familles de la terre en Ibrahim, par son fils Ismaïl.

Nous pourrions alors proposer une autre traduction qui tienne compte des deux sens du mot « Yachiyd » et qui est :

« Prends ton fils, celui que tu as abandonné, celui que tu aimes ». Genèse (22.2). Le prénom a été ajouté de façon à écarter Ismaïl mais il ne devait exister aucun prénom dans la version originale. En effet, le fils unique est Ismaïl et il est l’enfant abandonné. Pourquoi le nommer s’il n’en existe qu’un seul ?

Les deux sens s’appliquent exclusivement à Ismaïl (AS) et la structure grammaticale sémite s’oppose au montage grossier du verset de la Genèse en l’appliquant à Ishaq (AS). En manipulant les occurrences, les falsificateurs ont ouvert « un boulevard » aux chrétiens car si le mot « unique » concerne Ishaq, c’est-à-dire le deuxième enfant, alors nous pouvons accepter de conceptualiser la trinité dans l’unité divine et même plus, la multiplicité bouddhiste dans un Dieu unique. Pourquoi pas, si un signifie deux, alors il peut signifier trois ou plus si affinités…

Nous allons poursuivre en relevant un autre pan « dissimulé » du sacrifice du fils d’Ibrahim en entrant dans le « scenario » de cet événement.

 

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5 juin 2020 5 05 /06 /juin /2020 13:08

Réfutations des arguments judéo-chrétiens sur Ismaïl (as), sa particularité et son sacrifice II 2/4

(Article de Nordine Bennecer)

 

L’enfant Ismaïl (AS)

Ismaïl est un nom composé de « Ismaâ » et de « il ». Ismaâ signifie entendre, écouter, exaucer et c’est un verbe utilisé pour l’audition spirituelle ; Dieu a exaucé l’invocation d’Ibrahim et c’est « el ilah » en arabe, qui signifie Dieu. Qu’a-t-il exaucé ? La demande d’Ibrahim d’avoir un enfant.

Nous avons donc une particularité chez ce personnage qui a deux caractéristiques :

  1. Il a un nom théophore, c’est-à-dire qu’il a le nom de Dieu en lui et cela est une caractéristique que ne possède pas Ishaq. Ce dernier signifie « rire » et il n’a pas le nom de Dieu en lui.

Seul Ismaïl est théophore, mais en plus, il a la lettre « h ». Il est donc « au-dessus » de son frère, même si en tant que musulman, nous ne souscrivons pas à ce genre « d’analyse » car la seule supériorité qu’il pourrait y avoir, c’est celle qui est basée sur la soumission aux commandements de Dieu, sur la crainte de Dieu. Autrefois, les chrétiens croyaient que la crainte de Dieu était ce qu’il fallait atteindre : 

« Quel est l’homme qui craint l’Eternel ? L’Eternel lui montre la voie qu’il doit choisir…L’amitié de l’Eternel est pour ceux qui le craignent et son alliance leur donne instruction. (Psaumes 25. 12/14).

Le fait d’avoir le nom de Dieu en soi est extrêmement important pour les juifs (entre autres) car le nom attire les bénédictions et les faveurs divines ; il impose l’obéissance, la réussite et le succès comme nous le verrons plus bas.

Pour contrer cet argument de supériorité, les théologiens juifs avancent qu’Israël est aussi un nom théophore, et qu’il est au-dessus d’Ismaïl car son alliance est imparfaite du fait qu’il a été circoncis à l’âge de 13 ans tandis que lui, l’a été au huitième jour. Le facteur temps fait qu’il est entré dans l’alliance avant lui et donc il lui est supérieur.

Pour répondre à cet argument, nous passons au point 2.

  1. A - Ismaïl, dans sa génération n’a personne au-dessus de lui et ce ne « serait » qu’avec Israël, une génération après, qu’il passerait « second ». Dans cette hypothèse, le prophète Mouhammed (SAWS) est supérieur à Israël car il a la lettre « h » en lui, donc la présence divine, mais en plus, il est né circoncis et donc il a toujours été dans l’alliance.

Le facteur temps frappe aussi d’imperfection l’alliance d’Israël car il y est rentré au huitième jour. De ce point de vue, l’alliance d’Israël est aussi imparfaite à l’égard du prophète Mouhammed (SAWS) que celle d’Ismaïl ne l’est à son endroit.

B – En plus d’être théophore, le nom d’Ismaïl est anthroponyme. Cela signifie que non seulement il contient le nom de Dieu, mais en plus, il représente un remerciement, un hommage, une reconnaissance à une prière exprimée et exaucée. Les juifs considèrent que celui qui rêve d’Ismaïl verra sa prière exaucée comme l’a été celle d’Ibrahim.

Seul Ismaïl dans la descendance d’Ibrahim possède cette caractéristique. Ni Ishaq, ni Israël et ni qui que soit d’autre ne dispose de cette caractéristique honorifique.

La particularité de ce nom vient du fait qu’Ibrahim a demandé à Dieu une descendance et comme sa première femme était stérile, la loi l’obligeait à prendre une seconde épouse pour avoir une descendance. Le mariage avec la princesse égyptienne obéissait donc au dessein d’engendrer, et de cette union est né Ismaïl. Il porte un nom de type anthroponyme théophore et il est le seul, l’unique.

C’est un remerciement envers Dieu de l’avoir exaucé dans sa demande d’avoir une descendance. Ismaïl est donc l’enfant tant attendu tandis qu’Ishaq ne possède pas ces caractéristiques.

Lorsqu’il est annoncé, sa mère a poussé un cri et a ri. Son père d’après la Bible a ri et s’est prosterné et ne croyait pas à cette future naissance. (Génèse 17. 17) : « Naîtrait-il un fils à un homme de cent ans ? et Sara, âgée de quatre-vingt-dix-neuf ans, enfanterait-elle ? »

Il n’y croyait pas car il avait déjà un fils et quel fils ! celui qui a été attendu et sur lequel toutes les fibres de sa paternité se sont exprimées, attachées et l’ont couvert, à tel point qu’à l’annonce d’Ishaq, la première invocation d’Ibrahim fût en faveur d’Ismaïl ! :

« Et Abraham dit à Dieu : Oh ! qu’Ismaïl vive devant ta face ! (Genèse 17. 18)

Pourquoi ? parce qu’il comprend que dans le cadre d’un mariage polygamique, il faut séparer les épouses qui ont des enfants car cela est source de conflits, divorce et autres calamités et c’est ce que font les musulmans polygames encore aujourd’hui. Mais c’est surtout Dieu qui lui a demandé de le faire.

D’où sa demande de protection de son fils, l’unique, le premier né. Et que signifie « qu’Ismaïl vive devant ta face ! Cette expression, toujours utilisée chez les arabes signifie que la protection soit totale et qu’il soit l’objet de la surveillance, à tout moment ainsi que de la bienveillance.

Que lui répond Dieu ? : « Dieu fût avec l’enfant qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d’arc » (Genèse 21. 20). Dieu est toujours avec cet enfant, il est avec lui : ce n’est pas Emmanuel (= qui est la forme francisée de « Dieu est avec nous » et qui correspond en arabe à « I + Maâna + Il), mais « Dieu est avec lui » = I + Maâhou + Il .Dans le mot « Maâhou (en arabe), nous notons la présence du nom de Dieu « Yehouwa ». Qu’Allah bénisse Ismaïl, ancêtre de Mouhamed (SAWS).

Nous le constatons, cet enfant est particulier.

Dieu à Moïse : Voici, j’envoie un ange devant toi…Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, et écoutes sa voix ; ne lui résiste point… (Genèse 23. 21). Pourquoi lui ordonne-t-il de faire preuve d’une totale obéissance envers cet ange ? Et bien pour une seule raison : « car mon nom est en lui ». Genèse 23. 21).

Si le simple fait que Dieu mette son nom dans une entité suffit à susciter du plus grand des prophètes juifs l’obéissance la plus totale, la servilité la plus entière, alors que dire du premier être humain à porter en lui le nom de Dieu ? Nom donné avant sa naissance par Dieu, nom anthroponyme théophore, premier né d’Ibrahim et fils unique pendant treize ans ? n’a-t-il pas une particularité que personne d’autre ne possède ?

 

 

 

Le sacrifice

D’un point de vue anthropologique, les sociétés qui ont procédé à des sacrifices humains, notamment dans le cadre de religions antiques donnaient toujours et obligatoirement le premier enfant, jamais le deuxième ou d’autre dans un ordre subséquent.

La Bible se fait l’écho de cette pratique lorsqu’elle relate qu’ « Abel en fît une [offrande] des premiers-nés de son troupeau…L’Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ».

C’est le premier-né qui est sacrifié et accepté, jamais le suivant. D’ailleurs, Dieu donne la manière de réaliser un sacrifice :

« Tout premier-né m’appartient, même tout mâle premier-né dans les troupeaux… ». (Exode 34. 19).

 « Tu rachèteras avec un agneau le premier-né...Tu rachèteras tout premier-né de tes fils. (Exode 34. 20).

Le don du premier enfant est une évidence pour tout anthropologue, historien ou chercheur sincère. Il y a une fois encore une inversion dans la présentation de l’ordre de choses. Le premier devient le deuxième et le deuxième, le premier, tout comme l’exilée irakienne devient une princesse et la princesse de sang royal une exilée dans le désert. Les falsificateurs usent et abusent de ce procédé au point de mentir sur leurs propres textes. Prenons le verset ci-dessous qui sert de « référence » pour affirmer qu’Ishaq « AS) est le fils sacrifié.

« Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Ishaq » (Genèse 22. 2).

Etudions cela avec la structure grammaticale arabe, seule acceptable dans l’étude biblique, comme nous avons pu le démontrer plus haut. « La comparaison avec la langue arabe permet aux rabbins de s’assurer que leur interprétation va dans la bonne direction et qu’ils ne s’écartent pas du sens de l’hébreu ancien, qui n’est qu’une copie de la langue arabe ». De la même manière, j’apportais le témoignage émouvant de Saâdiya Gaôune, premier grammairien de l’hébreu, qui justifie le recours à l’arabe par le fait « que les phénomènes sont clairs, visibles, patents alors que l’hébreu est parfois obscur ». Pour ces raisons il faut revenir à la langue arabe et à sa structure grammaticale.

Je disais plus haut concernant ce verset : 

« C’est exactement la même [présentation grammaticale que] nous avons en hébreu dans laquelle le nom d’Ishaq a été ajouté comme l’explique le Sheikh Ibn Taymiyya. En effet, pour que la phrase soit acceptable dans cette forme, il aurait fallu supprimer « Ishaq » mais cela aurait conduit à désigner directement Ismaïl (AS) par le mot « unique ». D’où l’ajout d’Ishaq (AS) après « ton unique » mais cela est totalement déconnecté des règles grammaticales sémites.

En effet, en arabe, le verset est traduit comme suit :

 « Khoudh ibnaka elwahid elladhi touhibouh Ishaq ». Le nom Ishaq ne peut être placé ici et pour que l’expression soit correcte, Ishaq doit être placé juste après le verbe « khoudh », mais cela ne se peut, car Ishaq serait accolé directement au « fils, l’unique » (el ibn elwahid) et le montage grammatical grossier serait encore plus manifeste.

 

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3 juin 2020 3 03 /06 /juin /2020 17:54

Réfutations des arguments judéo-chrétiens sur Ismaïl (as), sa particularité et son sacrifice II 1/4

(Article de Nordine Bennecer)

Voir : http://mizab.over-blog.com/2020/05/refutations-des-arguments-judeo-chretiens-sur-ismail-as-sa-particularite-et-son-sacrifice-1/4.html

 

Hajer

Ibrahim (AS) n’a pas d’enfant, il souhaite fonder une famille et transmettre le don de prophétie à celui qui sera son héritier. Il est très âgé, sa première épouse l’est aussi et elle est stérile.

Comme l’explique le rabbin Rachi dans l’exégèse du verset 3 du chapitre 16 de la genèse, « au bout de 10 ans sans enfant, l’homme est tenu d’épouser une autre femme ».

Cela signifie qu’Ibrahim (AS) doit obligatoirement épouser une seconde épouse pour avoir une descendance.

Celle-ci lui permettra de réaliser le dessein du mariage et c’est ce qu’il va faire. Hajer est donc celle qui doit lui assurer une descendance et Ismaïl est l’enfant tant attendu d’Ibrahim (AS) qui a invoqué Dieu pour l’avoir.

La difficulté rencontrée est que le patriarche a été chassé de sa patrie et il est banni, ce qui signifie la mort sociale. Il n’a ni clan pour le défendre, ni clan pour lui permettre d’épouser une seconde épouse. En effet, le mariage dans nos contrées sémites est principalement endogène, c’est-à-dire à l’intérieur du groupe. L’intérêt est de le renforcer et toute union en ce sens est vue comme une brique de plus dans l’édification du « âarch », du clan. C’est ce qu’a fait Esaü lorsqu’il a répudié ses deux femmes car elles déplaisent à ses parents (comportement et origine ethnique différente) et en a épousé deux autres, dont sa cousine Basemath, fille d'Ismaël. Esaü dit à cet effet que ce choix ravira ses parents car elle est « fille d’Ismaïl ». Basemath signifie sourire et le « th » est muet ; Esaü épouse une femme dont la signification du nom est « sourire » et dont celui de son père est « rire » …

 

Partie 2 : Ismaël dans la Bible

 

Le dilemme d’Ibrahim (AS)

Impossible pour le patriarche d’épouser une seconde épouse issue de sa contrée et de son peuple et il ne lui reste plus qu’un seul moyen qui est de s’en remettre à Dieu. Le plan divin le conduit en Egypte où le roi veut s’approprier sa femme Sarah. Voyant le miracle qui s’accomplit à travers elle, il comprend que cette femme est bénie et protégée. Plus protégé encore est Ibrahim car il est le « propriétaire » de cette femme et c’est donc lui qui est visé par cet évènement. La coutume « Ursémitique » de l’époque reconnaissait cette situation et c’est pour cette raison que le roi donne ce qu’il a de plus cher à Ibrahim et non pas à Sarah.

Comme l’explique le rabbin Rachi, les nobles s’emportent contre ce choix car pourquoi donner sa propre fille, une princesse à un homme (et non pas à sa femme) incapable de subvenir à ses besoins et qui fuit la famine ! Sa fille pourrait être Maîtresse chez le meilleur de ses généraux. Le roi répondit à ces remarques (et d’après le miracle qu’il a vu s’opérer pour Ibrahim à travers Sarah) « il vaut mieux pour ma fille d’être Esclave chez cet homme (et non pas chez cette femme) que Maîtresse chez le meilleur de mes hommes ! »

Ce de là que vient la notion d’esclave de Hajer. La réalité de l’état d’esclavage est connue et il est :

  • Soit le résultat d’une guerre dans laquelle le vainqueur se « sert » dans la population du vaincu car réduite en esclavage. Ici encore, nous constatons une nouvelle fois le recours au procédé d’inversion pour abaissement où celui qui fuit la famine de son pays et qui vient demander de la nourriture (Ibrahim et Sarah) à son hôte (qui est le maître d’Egypte) devient lui-même le maître qui reçoit une esclave du roi… cette inversion est un procédé qui permet de sortir de l’impasse dans laquelle les juifs et les chrétiens se trouvent lors de l’étude réelle et sérieuse de leurs propres textes.

Les juifs ont été pendant de nombreux siècles des esclaves et cela même jusqu’à Jésus dont il a été attendu qu’il les libère du joug des Romains. Pourtant, personne n’a dénigré ce peuple et ses prophètes.

  • Soit le résultat d’un achat dans un marché aux esclaves.

Hajer s’inscrit-elle dans un de ces deux cas ? Non, évidemment car elle n’est pas esclave à proprement parlé mais « simplement » princesse, fille du souverain le plus puissant du monde connu et elle-même souveraine. Tout autre considération n’est que rajout pour délégitimer la branche Ismaélienne. Il n’a qu’à lire les commentaires des rabbins sur le mariage du prophète Youssef et de son épouse Asnath, issue de la « haute noblesse égyptienne » ; que dire d’Hajer, princesse de sang royale et fille du plus puissant souverain du monde connu ?

Les juifs reconnaissent dans leurs études religieuses la symbolique, la particularité, la prégnance et l’ancrage divin en la seconde épouse d’Ibrahim et cela, Sarah ne les possède pas.

« En hébreu, si le nom Abram ne contient pas de « h », le nom de Saraï ne le contient pas non plus. Lors du changement de nom, Abram devient Abraham, (Genèse 17,5) et Saraï devient Sara (Genèse 17,15). Quant à Hagar, son nom commence par un « h ».

Ce « h » évoque inévitablement le nom propre et imprononçable de Dieu, YHWH soulignant la présence de Dieu, attentif à chacun de nos personnages ! 

C'est pourquoi, même si la traduction Bayard [mais aussi les autres traductions] originale a choisi d'écrire « Sara » [sans h], nous avons ajouté à cette dernière ce « h » qu'elle partage dans la langue originale avec les deux autres protagonistes de l'histoire. » Sophie Mermod-Gilliéron, (Camp Biblique Œcuménique. Vaumarcus 2015, Abraham, Sarah et Hagar).

Seule Ibrahim et Hajer comportent la lettre « h » qui symbolise la présence de Dieu. Sarah ne l’a pas et Dieu ne l’a pas mis en elle ; seuls les juifs ont ajouté de leur propre chef la lettre « h » pour intégrer Sarah dans le plan divin.

Nous pouvons donc affirmer que le plan divin consistait à rapprocher Ibrahim de Hajer pour la concoction du dessein qu’il avait promis à Ibrahim, celui de bénir toutes les familles de la terre en son nom.

Le plan divin d’Ibrahim et de Hajer

Nous parlons à juste titre de plan divin car le mariage du patriarche avec la princesse égyptienne représente le plan divin à appliquer à l’humanité. Seule la religion islamique applique ce plan et contient dans son livre saint cette prescription rejetée par les juifs et les chrétiens sans ambages.

Nous avons dit plus haut que le mariage polygamique était la règle et en dehors de ce modèle anthropologique, point de survie. Le seul moyen pour Ibrahim d’avoir une descendance est de contracter un mariage polygamique et c’est ce que Dieu va offrir sur un plateau d’or à Ibrahim (AS).

Ce mariage avec une princesse égyptienne va représenter d’après le rabbin Rachi « une alliance ». C’est une alliance au sens politique et au sens spirituel.

Politiquement, elle concerne le mariage entre deux parties au cours duquel le vassal donne sa fille au suzerain. Cela est fondateur car en agissant de la sorte, le souverain reconnaît la supériorité du pouvoir du patriarche sur le sien et c’est donc un acte de soumission.

Spirituellement, c’est donc la reconnaissance de la supériorité du pouvoir spirituel représenté par Ibrahim (AS) sur le pouvoir temporel représenté par le roi égyptien, qui malgré son comportement autrefois outrancier, s’amende honorablement. Pas de laïcité, ni de lois des hommes, rien et uniquement la loi de Dieu. Et qui s’en acquitte actuellement parmi les religions du livre ?

De plus, il offre des terres, de l’argent, des animaux et des hommes (esclaves et soldats) pour mettre Ibrahim et sa famille à l’abri de tous besoins. Pour cette raison, nous voyons dans la Bible qu’il avait après cet épisode (le mariage avec Hajer) des biens matériels de toutes natures alors qu’il était venu pauvre, demander de la nourriture. Le silence a été fait sur leur origine… : « Et Abram remonta d’Egypte…Et Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or.

Hajer, fille du souverain le plus puissant du monde connu « donnée » comme « offrande de réparation » et acte de soumission est particulière. Elle a la lettre « h » dans ses deux qualités : l’exilée (Hajer) et la princesse (Sarah) et donc une double bienveillance de Dieu à son égard.

De plus, elle est celle par qui Ibrahim (AS) réalise son obligation de prendre une seconde épouse pour cause de stérilité de la première et d’avoir un fils. Elle est mère d’Ismaïl (AS), fils tant attendu d’Ibrahim qui vient ouvrir une nouvelle « fenêtre » dans le champ de la vie de ce dernier.

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28 mai 2020 4 28 /05 /mai /2020 11:12

REFUTATIONS DES ARGUMENTS JUDEO-CHRETIENS SUR ISMAÏL (AS), SA PARTICULARITE ET SON SACRIFICE 4/4

 

(Article de Nordine Bennecer)

Plus récent que les rabbins du moyen-âge, citons le père de l’hébreu moderne, Eliyasar ben Yehouda qui nous rapporte que pour reconstituer la langue hébreu, il s’est appuyé sur la langue arabe dont toutes les structures grammaticales de l’hébreu ont été reprises de la langue arabe ainsi que 70% du vocabulaire ; il y a aussi des apports de la langue berbère que l’on constate dans la langue. La seule difficulté est que l’hébreu est prononcé de manière occidentale ce qui rend cette langue sémite inaudible… pour un sémite. Je disais plus haut que :

« La difficulté tient au contexte de la Palestine qui cristallise les oppositions entre les juifs et les arabes. Cette opposition politique rejaillit sur toute relation qui pourrait unir ces 2 peuples et conduit à penser qu’il y a une opposition culturelle, linguistique, civilisationnelle « naturelle, évidente » qui coule de source. C’est fût un argument utilisé par les ashkénazes du début du siècle lorsqu’il s’est agi de caractériser la manière de prononcer la langue hébreu reconstituée ». 

En effet, la question de la prononciation s’est posée et Eliezer Ben Yehouda plaide pour un accent oriental de la langue, arabe et sépharade. Il est considéré comme le rénovateur de la langue hébraïque, et était un grand admirateur des Arabes palestiniens et de leur langue, et cette admiration s’étendait également aux sépharades palestiniens du vieux Yishuv, qu’il nommait « communauté naturelle » contrairement aux ashkénazes orthodoxes qui, selon lui n’étaient pas « des êtres humains naturels ».

Ben Yehouda écrit dans son ouvrage « He-halom ve-shivro » :

« Pourquoi le nier ? Les Sépharades ont fait sur moi une bien meilleure impression. La plupart d’entre eux ont un maintien digne, ils sont beaux et même splendides dans leurs vêtements orientaux, leurs manières respectables, leur comportement civilisé […].

Leur hébreu est courant, naturel, riche en vocabulaire, en expressions idiomatiques et leur façon de parler la langue est si originale, si douce et si orientale ! (Ben Yehouda Eliezer, Le rêve traversé, Paris, Desclée de Brouwer, 1998, p. 121) » Et lorsque s’ouvre le débat sur l’accent et la prononciation à adopter dans le nouvel hébreu, à avoir prononcer à l’ashkénaze, à la sépharade, ou opter pour un compromis entre les deux, Ben Yehouda plaide pour l’accent sépharade : « beaucoup plus agréable et plus adéquat ».

De la même façon, lorsqu’il s’agit d’inventer de nouveaux mots pour l’hébreu moderne, Ben Yehouda s’oppose aux influences non-sémitiques et se fait l’avocat des racines arabes pour enrichir la langue hébraïque.

Dans la préface à son monumental dictionnaire de l’hébreu, il écrit : « En comparant les racines de notre langue avec celles de l’arabe […] Le lecteur se rend compte combien ces deux langues sont proches à la fois dans leur nature et leur esprit, et ce, au point qu’on peut les prendre l’une pour l’autre (Ben Yehouda Eliezer, Complete Dictionary of Ancient and Modern Hebrew, p. 10.) ».

En dépit de l’échec des propositions de faire résonner l’hébreu moderne comme de l’arabe ou de faire de l’arabe la langue vernaculaire de la communauté juive, la langue arabe continue de servir la renaissance de l’hébreu. À la fin des années trente, début des années quarante, quelques pédagogues de l’hébreu soutenaient encore avec force que l’étude de la grammaire arabe était un des meilleurs moyens pour les Juifs d’acquérir une connaissance approfondie et de mieux comprendre leur propre langue, l’hébreu.

Il faut comprendre que la Bible doit être lue à l’aune de la langue arabe. De nombreux théologiens juifs et chrétiens se torturent le cerveau à apprendre des langues anciennes disparues pour tenter de comprendre leurs textes alors qu’ils pourraient aisément apprendre uniquement la langue arabe et travailler correctement leurs textes comme ont pu le faire les rabbins du moyen-âge. Mais lorsque l’orgueil est l’étalon de mesure de l’esprit humain, alors tout raisonnement logique et scientifique disparaît pour faire place à l’obscurantisme. Voici où ils en sont !

Au cours de son histoire l’hébreu a toujours été une langue poreuse, ouverte à de multiples strates lexicales, orthographiques et autres variations grammaticales.

Ami’el Alcalay écrit :

« Aucun doute que l’effet le plus dévastateur du processus de socialisation vécu par les Juifs arabes après leur arrivée en masse a été la « désarabisation ». Cela fut surtout ressenti dans la perte de l’arabe comme langue maternelle, et l’obligation dans laquelle les nouveaux immigrants se sont trouvés d’adopter les structures syntaxiques et prononciations non-sémitiques du nouvel hébreu. » (Ami’el Alcalay, “After jews and Arabs: Remaking Levantine Culture », p. 51).

Dror Mishani, universitaire et célèbre auteur de romans policiers écrit à ce propos :

« L’hébreu n’a jamais été uniquement « blanc ». Les Juifs des pays arabes et d’Afrique du Nord lisaient l’hébreu, priaient en hébreu, écrivaient des poèmes d’amour et de nostalgie en hébreu. Mais à leur arrivée en Israël ils ont rencontré un hébreu différent : un hébreu rénové, modernisé à Varsovie et à Tel Aviv, Jérusalem et Odessa, Rishon le-Tsiyon et Berlin, un hébreu cristallisé autour du leadership du mouvement sioniste et de ses écrivains, l’hébreu de Bialik et de Brenner, de Katznelson et de Ben Gourion. Mishani Dror » (« Le mizrahi en tant que perturbation linguistique », p. 86-87).

La relation mizrahi (juifs « arabes ») à la langue parlée en Israël se complique à cause des relations ambivalentes de l’hébreu moderne avec les dimensions théologiques de la langue. L’hébreu moderne est une langue essentiellement séculière. L’hébreu ancien, de la Thora, est basé sur le compagnonnage de l’arabe ; elle est son modèle, sa référence, son recours pour comprendre ses propres textes et tout en l’hébreu ancien respire l’odeur arabe. L’hébreu actuel est une langue séculière, non-religieuse, à l’opposé de l’ancien hébreu qui est la langue liturgique pour comprendre la tradition religieuse juive.

Comprenons que l’hébreu actuel est déconnecté des réalités sémites et qu’il n’est pas la langue dans laquelle s’exprimait Moussa (AS). Il est différent, séculier et donc non liturgique, bien loin des subtilités et nuances qui font des langues sémites une exceptionnelle particularité dans le monde des langues.

En conséquence de quoi, nous dirons que le recours à la langue arabe est obligatoire car ce n’est qu’avec elle que se comprend la bible. Que ce soit la génétique, la proximité géographique, la proximité spirituelle, tout relie la langue liturgique hébreu à la langue arabe. Nul ne peut comprendre réellement la bible s’il n’a pas recours à celle-ci.

Des savants musulmans de renom et experts de la langue arabe pouvaient, comme le Sheikh Ibn Taymiyya, lire les Psaumes en hébreu et en faire l’exégèse.

Zayd Ibn Thabit RA, scribe du prophète Mohammed (SAWS), appris l’hébreu en 15 jours et le syriaque en 17 jours. Le peu de temps passé à apprendre « 2 langues étrangères » nous renseignent sur la proximité linguistique de ces langues dont Nicholson disait :

« Ce terme (les sémites) inclut les Babyloniens, les Assyriens, les Hébreux, les Phéniciens, les Araméens, les Abyssins, les Sabéens et les Arabes ».

 

Exemples de termes bibliques issus de l’hébreu ancien et correspondance en arabe :

Le beau-père de Moussa AS est appelé dans la bible « Réuel » (composé de Ré-u El) ce qui signifie « pasteur de Dieu » et comment dit-on cela en arabe ? Ra’î = pasteur et « il » pour la divinité.

Idem pour Malkisedek, roi de Salem et serviteur d’El Elion. Malkisedek = Al malik Sadiq, c’est-à-dire le roi véridique et El Elion = le très haut = en arabe El ‘Ali et pour la terminaison « on », il s’agit d’un son muet qui ne se prononce pas. C’est une erreur que de le prononcer et une ignorance de la langue « Ursémitique ».

C’est ce que font aussi les subsahariens musulmans en prononçant des prénoms arabes avec les lettres finales qui ne se prononcent pas : Alioune, Fatimata, Aminata, Mouhamadou, Khadijatou ou Kadidiatou… on retrouve cette pratique chez les ashkénazes dans les noms tels que Barûn qui se prononce « Barr » et qui signifie en arabe « le fils de ». La forme francisée de ce nom est Baroin, le fameux « spécialiste » de la laïcité.

Schéol dont la traduction exacte n’existe pas en hébreu ; elle est issue de l’Ancien Testament et signifie « le séjour des morts situé sous la terre. Lieu sombre, pays de l’oubli dont personne ne remonte ». C’est l’idée d’oubli où tout est embrasé et correspond au mot arabe « Shaâla » qui contient l’idée de brasier qui consume et dont il ne reste rien.

Shekel qui est la monnaie officielle de l’Israël. Ce nom issu de la bible évoque cette monnaie comme une unité de masse par la pesée et le poids. Ibrahim (AS) payait avec des « sicles », qui a donné le nom de shekels ; en comparant avec l’arabe, l’idée de pesée faire référence à « thaqala », à « thiql » qui est la pesée, le poids d’un objet et c’est de cette manière que payaient les gens autrefois, en pesant de l’or ou de l’argent ; ils utilisaient dans le système islamique les graines de caroubier qui ont le même poids et c’est ce qui a donné le nom de carat.

Marie de Madeleine ou Magdala qui sonne si bien français que l’on penserait qu’elle est soit lorraine soit picarde. Son nom « Magdala vient de l’hébreu ancien et/ou araméen que l’on retrouve parfaitement en arabe : Madg ou Majd (seule prononciation diffère selon un critère géographique) signifie la gloire ; c’est la gloire d’Allah !

Hakeldema traduit dans la bible comme le champ du sang dans lequel Judas d’Iscariote se rompit le corps. Et comment dit-on cela en arabe : haqel = champ et demm = sang ; seule le « a » de « dema » est muet mais la prononciation de mots sémites par des gens qui ne connaissent pas cette langue conduit à tout prononcer ; c’est comme si un étranger de la langue française prononçait le mot « haricots » : « HHaricottesse ».

Judas d’Iscariote, qui signifie judas originaire du village. Le village en arabe se dit « al qariah » mais s’écrit avec les lettres muettes (ah décidément) « al qariote ».

Thomas, viendrait de l’araméen Toéma qui signifie « jumeau » et comment dit-on cela en arabe ? Towwama.

Nous pouvons démontrer par exemple que le verset (Génèse 22.2) où Dieu dit à Ibrahim AS : « prends ton fils, ton unique, Ishaq, que tu aimes » est falsifié car il ne correspond pas à la structure syntaxique sémite (et c’est sans compter sans l’incohérence linguistique ou l’impossibilité grammaticale d’avoir le mot « unique » avec « Ishaq » qui signifie le deuxième). Avant d’expliquer, nous donnerons l’exemple de la non-crucifixion de Jésus dans le Coran où il est dit « ma qatalouhou » et qui signifie ils ne l’ont pas tué.

C’est une phrase négative construite sur le modèle sémite : particule de négation (ma) + verbe (qatala) + sujet (houwa). En français, la même phrase négative s’exprime par : sujet (ils) + verbe (tué) + particule de négation (ne pas), c’est-à-dire le contraire de la langue arabe, donc de l’hébreu ancien. Imaginons qu’une personne ignorante de la structure grammaticale sémite vienne manipuler cette proposition, elle reproduira alors la structure de sa propre langue (ici occidentale) qu’elle plaquera sur la langue arabe. Nous aurions alors en arabe une reproduction du système grammatical français (par exemple) et au lieu d’avoir « ma qatalouhou », nous aurions « houm qatalouhou ma », ce qui est monstrueusement ridicule et misérablement illustratif de l’ignorance de son auteur, n’est-ce pas ?

C’est exactement la même traduction que nous avons en hébreu avec Ishaq qui a été ajouté comme l’explique le Sheikh Ibn Taymiyya. En effet, pour que la phrase soit acceptable dans cette forme, il aurait fallu supprimer « Ishaq » mais cela aurait conduit à désigner directement Ismaïl (AS). D’où l’ajout d’Ishaq (AS) après « ton unique » mais cela est totalement déconnecté des règles grammaticales sémites.

En effet, en arabe, le verset est traduit comme suit :

 « Khoudh ibnaka elwahid Ishaq elladhi touhibouh ». Le nom Ishaq ne peut être placé ici et après une virgule car celle-ci n’existe pas (tout comme les lettres majuscules d’ailleurs) ; pour que l’expression soit correcte, Ishaq doit être placé juste après le verbe « khoudh », mais cela ne se peut, car Ishaq serait accolé directement au mot « unique » (elwahid) et le montage grossier serait plus que manifeste. Nous y reviendrons plus tard inchaAllah lorsque nous aborderons cet argument pour le déconstruire en le reliant à la fable de l’unique pour chaque mère, comme l’explique Thomas Römer, l’invention du dialogue entre Dieu et Ibrahim.

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27 mai 2020 3 27 /05 /mai /2020 11:17

REFUTATIONS DES ARGUMENTS JUDEO-CHRETIENS SUR ISMAÏL (AS), SA PARTICULARITE ET SON SACRIFICE 3/4

 

(Article de Nordine Bennecer)

 

La comparaison avec la langue arabe permet aux rabbins de s’assurer que leur interprétation va dans la bonne direction et qu’ils ne s’écartent pas du sens de l’hébreu ancien, qui n’est qu’une copie de la langue arabe. Même les opposants y avaient recours de manière cachée et les documents laissés ou les débats avec les pro-arabes ont démontré que le recours à la langue arabe est une évidence, voire une obligation. Le conflit actuel sur la Palestine n’existait pas à leur époque et les juifs avaient vu en l’Islam la promesse faite par Dieu à Ibrahim de bénir son fils Ismaïl. Ils ont vu d’un bon œil l’arrivée des fils d’Ismaïl en Palestine avec le noble Omar (RA) qui a ordonné le nettoyage du mur des lamentations transformé par les chrétiens en déchèterie. Seul l’Islam a autorisé les juifs à revenir en Palestine pratiquer leurs rites interdit par les chrétiens. Conscient de tout cela, c’est avec raison et conviction que les juifs « arabes », bien plus que leurs coreligionnaires des contrées occidentales, ont estimé que le recours à la langue arabe est une nécessité méthodologique. Ils maîtrisaient l’arabe et le reliquat d’hébreu ancien leur permettaient de déduire que la langue arabe, mais aussi la langue berbère (c’est ce qu’en dit Moussa Ben Abdallah ben Mimoun, dit Al Maymounide) était la clé de la compréhension de leurs propres textes religieux.

Les buts de la comparaison sont expliqués dans les livres de grammaire hébreu que les spécialistes et philologues juifs ont laissé à la postérité, qu’il s’agisse de :

  • « Koutoub al lougha » de Saâdiya Gaôune (il produit le premier tableau de morphologie verbale comparée et le degré d'abstraction auquel il parvient, ce qui lui permet également de comprendre, grâce à la comparaison avec l'arabe, la valeur déclarative - estimative (Joùon 1923, 54d) de certains verbes. Ainsi, partant d’exemples arabes, il montre « c'est au niveau sémantique que se fait la comparaison » (Maman 1998, p. 91-92). A préciser qu’il reprend ce que font les linguistes et grammairiens musulmans et l’adapte à l’hébreu.
  • Des dictionnaires comme « Koutoub al alfadh » de Daoud ben Ibrahim al Fasi (Il s'agit d'un dictionnaire bilingue dont les entrées sont des mots hébreux ou araméens, la métalangue est l'arabe et le but n'est pas la comparaison linguistique mais la bonne compréhension du texte biblique. En d’autres termes, pour comprendre la bible, il faut passer par la langue arabe qui sert de « superstructure » pour embrasser la compréhension et la pertinence de la compréhension de la Bible.
  • De commentaires bibliques d’Ibn Bal’am.
  • Des traités entièrement consacrés à ces comparaisons comme la « Risala » d’Ibn Qouraish, qui explique que « la ressemblance entre l'arabe et l'hébreu est liée, dit-il à la proximité géographique et la parenté des peuples. L'étude de l'araméen, de l'arabe et de l'hébreu postbiblique sont nécessaires à la compréhension du texte biblique. ». Il utilise la notion de Tafsir pour comprendre les hapax.

Tafsir vient d'un verbe arabe signifiant « découvrir ce qui était caché » d'où expliquer, interpréter un passage du Coran. C'est le terme technique employé par Ibn Qouraish pour introduire en hébreu un équivalent arabe.

  • Du « Kitâb al-muwâzana bayna l-luga al- 'ibrâniyya wa-î- 'arabiyya », (Livre de la balance / équivalence entre la langue hébraïque et l'arabe »], du rabbin Ibn Barûn qui se veut un outil de travail exhaustif pour le traducteur de la Bible en arabe ; il est composé de deux parties, l'une consacrée au lexique et l'autre à la grammaire ; il ne reste que des fragments de chacune d'entre elles. Redécouvert et publié au XIXe siècle seulement, le « Kitâb al-muwâzana » a fait l'objet d'un article récent de D. Becker (2001) dans lequel ce dernier montre à quel point Ibn Barûn est proche des grammairiens et des lexicographes arabes : il cite le Coran, le Kitâb al- 'ayn d'al-Khalil, et s'inspire, parfois mot à mot, des traités d'al-Zaggagî (en particulier le Kitâb al-oumal) et d'Abû Bakr al-Anbâri. Par exemple, il emprunte à ce dernier un développement sur la formation des féminins. Le texte arabe est fidèlement traduit, mais chez Ibn Barûn la description est appliquée « aux deux langues » (fi l-lugatayni) et les exemples arabes sont remplacés par des exemples hébraïques.

Très fortement influencé par celui du rabbin Ibn Janâh, l'ouvrage d'Ibn Barûn (qui ne traite quasiment pas de la comparaison avec l'araméen) se distingue de ceux de ses prédécesseurs par son caractère systématique.

En conséquence, nous pouvons affirmer, au vu de ce qui est écrit ci-dessus, que le recours à la langue arabe est obligatoire car « le but est l’élucidation de termes bibliques rares ou difficiles et pour d’autres, il s’agit de comparer des mots courants afin d’en trouver le sens car disparus ». (Kessler-Mesguich, Sophie, « Hébreu, arabe et araméen chez quelques auteurs juifs (Xe-XIe siècles) et chrétiens (XVIe-XVIIe siècles) », article issu de « Dix Siècles de Linguistique Sémitique »).

C’est par l’arabe et non par le français, l’anglais, le latin ou le grec que la Bible doit être étudiée. Tout ce qu’elle contient doit donc s’inscrire dans le respect et la soumission aux règles grammaticales arabes, aussi bien dans les structures grammaticales que dans le vocabulaire. Elle est un outil de travail exhaustif pour comprendre la Bible et le meilleur moyen pour permettre aux juifs et chrétiens de « vivre » leurs textes religieux. 

Jean Pruvost dans son ouvrage « Nos ancêtres LES ARABES. Ce que notre langue leur doit » rapporte que la langue arabe était autrefois hautement considérée et cela bien avant l’avènement de l’Islam. Il cite par exemple Bruzen de La Martinière, dans son « Grand Dictionnaire géographique et Critique » la phrase suivante :

« On ne doute pas que la langue des Arabes ne soit des plus belles et des plus anciennes » (page 23).

Il rapporte la phrase suivante de César de Rochefort :

« César de Rochefort évoque celui qu’on appelait le père de la poésie latine, « Quintus Ennius le Poëte » qui « se vantoit d’avoir trois cœurs parce qu’il parloit Grec, Latin et Arabe ». Trois langues perçues comme fondatrices. Avec Quintus Ennius, on se situe trois siècles avant l’ère chrétienne, le « père des Poëtes » étant né en 239 avant J-C ». (Page 26).

« Une autre dimension s’impose ensuite, celle qui correspond, non pas l’extension de la langue arabe, mais à la nature féconde de la langue arabe, au-delà de toutes considérations politiques, nature généreuse que résument en une phrase les lexicographes du XIXe et le XXe siècle : « L’un des caractères de l’arabe est une richesse de mots vraiment étonnante… ». (Page 29).

Les citations sont nombreuses et nous pourrions en citer à foison, mais nous nous en contenterons de quelques-unes :

« C’est ainsi que se confirme la place de l’arabe médiéval comme nœud de traduction ciblant à la fois les langues occidentales et l’hébreu moderne (Sarfatti 1985, p. 257) ».

« Alors que les œuvres massorétiques font apparaître une réflexion grammaticale implicite, la réflexion grammaticale formulée explicitement naît sous les plumes de Juifs arabophones, bien versés dans la grammaire arabe. De ce fait, l’arabe est source d’inspiration pour la terminologie grammaticale de l’hébreu ». (Dotan 1990)

« L’arabe médiéval comme agent de convergence entre l’hébreu et les langues occidentales modernes ».

Kessler-Mesguich, Sophie (1957-2010) Ancienne élève de l'École normale supérieure (1976). - Agrégée de grammaire et d'hébreu. - Professeur de linguistique hébraïque à l'Université Sorbonne nouvelle (Paris). - Membre du Laboratoire d'histoire des théories linguistiques (Paris / Lyon). - Directrice du Centre de recherche français de Jérusalem (2008-2010).

Rappelons que les Juifs font partie intégrante de la culture arabe de la période préislamique jusqu’au milieu du XXe siècle. Entre le 9è et 13è siècle, les Juifs ont connu l’Age d’or de leur intégration à la littérature arabe en développant une poésie hébraïque profane directement calquée sur la poésie arabe. Ils ont pris et puisé dans « l’exceptionnalité » de la civilisation islamique pour exprimer le meilleur de leur culture qui reste attachée et tributaire de cette dernière (voir pour une réflexion plus approfondie ce qu’en dit Shlomo Pinès dans son ouvrage « La liberté de philosopher : De Maïmonide à Spinoza »).

 

Les références juives récentes

Voici une anecdote rapportée par le journaliste israélien Charles Enderlin, dans une interview diffusée sur YouTube intitulée « Le tournant sioniste des juifs de France ». Après l’indépendance de l’Algérie, un juif algérien installé en France rencontra un ashkénaze et s’en trouva surpris par son physique et sa langue. En rentrant chez lui, il relate à sa famille cette rencontre et s’étonne de la langue parlée par l’ashkénaze. Plus surpris encore est le constat qu’il ne parle même pas arabe » !

Posez-vous la question, pourquoi un juif doit nécessairement connaître la langue arabe pour affirmer sa judaïté ?

 

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26 mai 2020 2 26 /05 /mai /2020 11:24

REFUTATIONS DES ARGUMENTS JUDEO-CHRETIENS SUR ISMAÏL (AS), SA PARTICULARITE ET SON SACRIFICE 2/4

 

(Article de Nordine Bennecer)

 

Les anciennes références juives et le statut de la langue arabe

Nous savons que Jésus, d’un point de vue coranique n’a été ni tué ni crucifié et la Bible, malgré les vaines tentatives des chrétiens, confirme ce point.

Il s’exprimait en araméen et cette langue a supplanté l’hébreu. Ces 2 langues ont pour origine des peuples qui sont sortis du sud de la péninsule arabique : le Yémen et pour ont souche le peuple Himyarite. Himyarite a pour racine trilitère HMR qui signifie « rouge » et a donné le nom à la mer qui borde leurs rivages.

De cette contrée sont sortis de nombreux peuples qui ont essaimé et colonisé toute le croissant fertile ainsi que le nord de l’Afrique. Le dernier en date est le peuple arabe qui a, à son tour supplanté les araméens. Nous parlons alors de famille chamito-sémitique, dont le bassin géographique est la péninsule sud-arabique et la corne de l’Afrique.

Leibniz propose dans l’ouvrage « Nouveaux essais sur l’entendement humain », de donner aux langues chamito-sémitiques le nom de langues arabiques.

Reynold A. Nicholson, orientaliste et éminent traducteur et connaisseur de la langue arabe, explique dans son ouvrage, « A Literary history of the Arabs » :

« Ce terme (les sémites) inclut les Babyloniens, les Assyriens, les Hébreux, les Phéniciens, les Araméens, les Abyssins, les Sabéens et les Arabes ; la langue arabe est donc, en un sens la plus jeune des langues sémitiques. Elle est la seule à être plus proche que toutes les autres de l'archétype original, le "Ursemitisch", dont ils sont tous issus, tout comme les Arabes. Ces derniers, en raison de leur situation géographique et de l'uniformité monotone de la vie dans le désert, ont préservé le caractère sémitique plus purement et l'ont montré plus distinctement que tout autre peuple de la même famille".

La « Ursemitich » est la langue d’Ibrahim AS dont la langue arabe serait la plus proche, bien plus que n’importe quelle autre langue chamito-sémitique. Comment ignorer cette caractéristique inhérente à la langue arabe ?

Les langues arabe et hébreu sont très proches et c’est ce qui a permis entre autres, aux rabbins du 9ème au 14ème siècle, c’est-à-dire à l’âge d’or du judaïsme, de considérer que l’étude de la Thora devait se faire en langue arabe de par la proximité géographique et la parenté des peuples.

C’est l’argument défendu par Yehouda Ibn Quraysh considéré comme un pionnier de la philologie hébraïque des IXe et X ème siècle. Dans son célèbre livre « Ar Risala » il reconnaît la parenté commune des diverses langues sémitiques et le fait qu'elles partagent, bien que leur développement soit différent, les mêmes règles linguistiques (« qurb al-mujâwara fil bilâd wal muqâraba fil nasab »).

En effet, les grammairiens de l'hébreu ont emprunté une large part de leur méthodologie, de leurs concepts et de leur terminologie à leurs prédécesseurs arabes.

L'ouvrage de Becker (de 1998) montre à quel point le rabbin et linguiste andalou du XIe siècle Ibn Janâh (de son vrai nom Abou el Walid Marwan), considéré comme la plus importante autorité rabbinique du Moyen Âge en matière de philologie hébraïque, est proche de ses sources arabes, qu'il recopie parfois mot à mot. Il est profondément influencé par la tradition grammaticale arabe.

Becker a réexaminé la question à partir des manuscrits et a montré que certains passages du « Koutoub al lougha'' du rabbin Saâdiya Gaôune étaient copiés mot à mot du Kitâb al-muqtadab d'al-Mubarrad (mort en 898) ainsi que d'autres ouvrages. (Kessler-Mesguich, Sophie, « Hébreu, arabe et araméen chez quelques auteurs juifs (Xe-XIe siècles) et chrétiens (XVIe-XVIIe siècles) », article issu de « Dix Siècles de Linguistique Sémitique »).

Pour ceux qui doutent de la pertinence de nos arguments, invitation vous est faite de constater combien le mimétisme avec la langue et la culture arabes est flagrant, il va même jusqu’aux vêtements. Les juifs du XIXe siècle voulant revenir aux origines du peuple hébreu considérait à juste titre qu’il fallait revenir aussi à la tenue vestimentaire et à l’hexis corporelle des arabes. (Voir l’illustration de Jérôme Becker dans la référence suivante : https://fr.wikipedia.org/wiki/Becker).

Il affirmait sans réserve la légitimité de la comparaison avec l’arabe, car « de toutes les langues, l'arabe est, après l’araméen, la plus proche de la nôtre » (Sefer hâ-riqmâ, éd. Wilenski 1964, p. 18). Il affine aussitôt sa description en précisant que : « l'araméen est plus proche de l'hébreu pour le lexique, l'arabe plus proche quant aux structures grammaticales ».

Cela signifie que lorsque l’on étudie un texte, celui-ci doit respecter la structure grammaticale de la langue arabe et ne pas s’en écarter. Si c’est le cas, alors, il est à rejeter car considéré comme un ajout réalisé par une personne non-familière de la langue sémite. C’est ce que nous trouvons ci et là dans la Bible où nous relevons des passages dont la structure grammaticale est occidentale et non-arabe.

À partir du VIIe siècle, l'arabe supplante l'araméen, et l'étude de la Bible passe désormais par des traductions littérales en arabe.

Cela était tellement ancré qu’il y eût une querelle entre l’école rabbinique de Fès et celle de Tiaret ; cette dernière considérait que même si l’étude devait se faire en arabe, il ne fallait pas pour autant abandonner l’hébreu. (Kessler-Mesguich, Sophie, « Hébreu, arabe et araméen chez quelques auteurs juifs (Xe-XIe siècles) et chrétiens (XVIe-XVIIe siècles) », article issu de « Dix Siècles de Linguistique Sémitique »). 

Saâdiya Gaôune, premier grammairien de l’hébreu justifie le recours à l’arabe par le fait « que les phénomènes sont clairs, visibles, patents alors que l’hébreu est parfois obscur ». Il faut comprendre que les juifs avaient perdu leur Temple, leur langue et leur culture dont ils n’ont conservé que des mots sans prise avec leur culture disparue.

Les opposants au recours à l’arabe sont les rabbins occidentaux et principalement Menahem ben Saruq (qui donne le nom de Sirugues, dont l’origine sépharade est commune avec Romain Sirugues, alias Karim el hanifi), d’origine espagnole qui refuse toute immixtion de l’arabe dans l’étude biblique.

Pourtant, « son contradicteur Dunas ben labrat laisse entendre que Saruq aurait malgré tout recours à l’arabe ». (Kessler-Mesguich, Sophie, « Hébreu, arabe et araméen chez quelques auteurs juifs (Xe-XIe siècles) et chrétiens (XVIe-XVIIe siècles) », article issu de « Dix Siècles de Linguistique Sémitique »). 

 

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25 mai 2020 1 25 /05 /mai /2020 11:36

REFUTATIONS DES ARGUMENTS JUDEO-CHRETIENS SUR ISMAÏL (AS), SA PARTICULARITE ET SON SACRIFICE 1/4

 

(Article de Nordine Bennecer)

Partie 1 : la place de la langue arabe pour éluder cette question

 

L’objectif de cette étude est de restituer la place de l’enfant sacrifié à Ismaïl (AS) en tant qu’enfant du sacrifice d’un point de vue biblique. La conception islamique considère que les écrits bibliques ont été falsifiés par la main de l’Homme aux fins de manipulation des foules et au soutien du diable dans la mesure où le dessein tracé par Dieu est sans équivoque. La Bible aussi reconnaît cela (Jérémie 8 :8) concernant la plume mensongère des scribes.

En effet, pourquoi falsifier une écriture divine ? quel est le but ? les textes donnés par Dieu sont-ils insuffisants, incomplets ou souffrent-ils de quelque déficience ? alors quel est le motif de toutes ces manipulations aussi bien grammaticales que linguistiques ?

Réécrire l’histoire est un procédé pour tenter de s’assurer le soutien des adeptes d’une religion, mais nous voyons qu’à l’heure actuelle, les connaissances qui se développent sans cesse, la mise en perspective des versets de la Bible à l’aune de de la philologie et de l’approche grammaticale sémite nous conduisent inévitablement à la conclusion qu’Ismaïl (AS) est bel et bien l’enfant du sacrifice.

Il pourrait apparaître étrange pour des gens qui se disent chrétiens ou juifs que des musulmans viennent leur apporter la controverse sur leurs propres textes. Certains arguent qu’il faut le Saint-Esprit pour comprendre, d’autres nous expliquent qu’ils sont détenteurs des écritures et que, eux seuls peuvent les interpréter. Les justifications sont nombreuses mais elles n’ont aucun poids face à la réalité de la situation. Quelle est-elle ?

 

 

 

 

 

 

Situation des gens du livre face à leurs textes

Lorsque l’on évoque les textes ou écrits juifs/bibliques, les musulmans sont considérés comme étant, il faut le dire, « inaptes » à la compréhension d’une langue et/ou d’une culture qui leur est totalement étrangère. En conséquence, comment pourraient-ils apporter la controverse sur des éléments littéraires dont ils n’ont aucune prise ?

Effectivement, si nous prenons la langue hébreu actuelle, elle est inaudible pour un arabe car à son écoute, il ne peut en tirer aucune compréhension. De même, en lisant la bible ou certains passages qui contiennent des mots d’origine araméenne ou hébreu, nous pouvons effectivement faire le constat de cette incapacité.

Les juif et les chrétiens pensent que les langues hébreu et araméenne sont totalement étrangère à la langue arabe et donc, les musulmans n’auraient aucun droit ou aucune légitimité à apporter une explication sémantique à leurs propres textes. Cela est tellement vrai que la réponse la plus souvent apportée par des juifs ou des chrétiens est de dire : « comment pouvez-vous expliquer notre patrimoine ? vous n’êtes pas juifs ? vous n’avez pas le Saint-Esprit ! ». Ajoutons que les chercheurs juifs et chrétiens étudient des langues anciennes telles que l’araméen, le syriaque ou le cananéen pour tenter de s’approcher le plus près possible de la réalité littéraire biblique, mais aucun ne s’est inscrit dans une démarche d’apprentissage de la langue arabe.

Malgré tous ces constats, pourquoi des arabes de confession musulmane récusent d’un revers de la main ces explications pour corriger les interprétations judéo-chrétiennes en recourant uniquement à la langue arabe ?

Cela nous amène logiquement à nous interroger sur les qualités, les particularités de la langue arabe… si effectivement elle en dispose.

Pourquoi apporter une controverse dans l’étude des textes judéo-chrétiens alors que leurs propres théologiens connaissent « toutes sortes de langues anciennes » qui les rapprochent de la réalité linguistique biblique et ignorent sciemment la langue arabe ?

Par quelle outrecuidance, des arabes de confession musulmane « osent-ils » apporter « une soi-disant expertise » dans l’étude des textes bibliques.

 

Sortir du paradigme actuel

C’est en étudiant la grammaire hébreu, actuelle et ancienne que nous sortons obligatoirement de ce paradigme. Toutes les références juives, aussi bien passées qu’actuelles reconnaissent que le recours à la langue arabe est une évidence sinon une obligation.

La difficulté tient au contexte de la Palestine qui cristallise les oppositions entre juifs et arabes. Cette opposition politique rejaillit sur toute relation qui pourrait unir ces 2 peuples et conduit à penser qu’il y a une opposition linguistique « naturelle, évidente » qui coule de source. C’est fût un argument utilisé par les ashkénazes du début du siècle lorsqu’il s’est agi de caractériser la manière de prononcer la langue hébreu reconstituée.

Nous disons « reconstituée » à dessein car elle a été perdue à la suite de son-utilisation et son remplacement par les langues araméenne puis arabe.  De l’usage de l’hébreu ancien ne restait que des « morceaux de liturgie ». Les mots avaient perdu leur sens et étaient coupés de leur ancrage sémite.

 En vivant parmi les musulmans, les juifs se sont trouvés en situation de diglossie et ils ont remarqué que l’usage de la langue arabe permettait de résoudre toutes leurs difficultés : résolution des hapax, des mots difficiles, oubliés, des contextes incompris… tout reprenait sens avec la langue arabe. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle nous avons aboutie en étudiant la Bible à partir du référent arabe.

Il faut préciser que les peuples hébreu et arabe ne sont pas deux peuples différents, dont le premier serait originaire d’Irak et le second de la péninsule arabique. Ils ont la même souche biologique et la même origine et géographique.

Au-delà de ces affirmations qui pourraient paraître énormes aux yeux de certains, je vous propose de voir quel était le statut de la langue arabe chez les grammairiens juifs, spécialistes de la Thora et de la linguistique hébreu.

 

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23 mai 2020 6 23 /05 /mai /2020 11:20

ETUDE GRAMMATICALE ET LINGUISTIQUE DE LA NON-CRUCIFIXION DE JESUS (AS) DANS LE CORAN 4/4

(Article de Nordine Bennecer)

 

  1. Conjectures sur Aïssa

Ma lahoum bihi min ‘ilm illa tibba’ addhan : on note une opposition entre ‘ilm = science et ddhan = conjecture.

Le Coran définit ceux qui affirment cette position de crucifixion comme étant de la pure conjecture.

Que veut dire conjecture ?

C’est une opinion, une idée non vérifiée fondée sur l’apparence. C’est une idée inutile ou erronée, ou opinion fondée sur l’apparence. Le vocabulaire est calibré car tout repose sur l’apparence et ils ne font que suivre.

Puis, il est affirmé une deuxième fois la position islamique : « wa ma qatalouhou yaqina ».

L’expression est encore sous la forme négative et signifie littéralement « à la prétention de l’avoir tué (cf. wa) ils ne l’ont pas tué de manière certaine.  

« Yaqinan » vient de « yaqine » ; il a plusieurs occurrences et signifie la certitude mais aussi la mort (wa ‘aboud rabbaka hatta yatiyaka lyaqine). La négation de la prétention de l’avoir tué est affirmée deux fois de suite dans le verset et deux fois encore à la fin de ce verset.

  1. Verset 157

Ce verset confirme le sort de Aïssa (AS) et il est expliqué par l’usage de « bel » ; tout comme « wa lakin », « bel » a aussi un rôle particulier dans la grammaire arabe. Le mot est utilisé pour annuler ce qui est affirmé ; c’est un annulatif. Il annule cette prétention des juifs de l’avoir tué ; il a été élevé vers Dieu, et non pas à sa droite !

Le mot « bel » est un annulatif, de ce qui est dit ou affirmé ; sourate el mayda, v 64 (wa qa lati lyahoud, yadou lah maghloulah ; ghoulat aydihim wa lou’inou bima qalou. BEL, yadahou mabsoutatane.

Le « bel » annule et apporte la réponse, tout comme « lakin » corrige et apporte la réponse. C’est le cas pour le passage de la non-crucifixion où la réponse apportée est que Aïssa (AS) a été élevé vers Allah. De plus, tout comme « lakin », « bel » fait passer ce verset d’un type négatif simple à un type négatif de type restrictif.

Et Allah est puissant et sage, c’est-à-dire capable de toute chose et juste dans ce qu’il fait.

Cette présentation constitue l’ensemble des arguments présentés par le polysyndète pour affirmer la position coranique et rétablir la vérité : Aïssa (AS) n’a pas été tué ni même crucifié.

 

  1. Implications

Il s’agit d’appliquer la « méthode » de Karim el hanifi et de voir les conclusions désastreuses auxquelles elles nous conduiraient si elles étaient appliquées. Effectivement, affirmer que la phrase construite sur le modèle ma + verbe + wa lakin signifie une affirmation et non pas une négation, alors il doit en tirer les conséquences :

Toute expression bâtie sur ce modèle est donc affirmative.

Le verset « wa ma dhalamahoum Allah wa lakin kanou anefousahoum yadhlimoun » (Allah ne les a pas lésés mais ils se sont faits du tort à eux-mêmes), signifierait selon sa méthode qu’Allah les a certainement lésés et eux, ne se sont pas du tout fait du tort.

De la même manière, la sourate el Baqara, v 253 « wa lawsha Allah, ma qtatala alladhina …wa lakin ikhtalafou (si Allah l’avait voulu ils ne se seraient pas entretués, mais ils ont divergé) signifierait donc que si Allah l’avait voulu, ceux qui sont venus après se sont entretués après …mais ils furent en accord ?

Wa ma Allahou bi ghafilin bima ta’maloune (Et Allah n’est pas inattentif à ce que vous faites) deviendrait : Allah est inattentif à ce que vous faites.

Wa ma yadourrouka min chay (et ils ne peuvent te nuire en quoi que ce soit) deviendrait : ils peuvent te nuire en toute chose.

Wa alamaka ma lam takoun ta’lam (ce que tu ne savais pas) deviendrait : et il t’a enseigné ce que tu savais.

Wa ma ya’zoubou ‘an rabika min mithqal (et rien n’échappe à ton seigneur fusse un atome) deviendrait : et tout peut échapper à ton seigneur fusse un atome.

Wa ma kafara Souleymane (Souleymane n’a pas fait de koufr) deviendrait : Souleymane a fait du koufr.

 

Les exemples sont nombreux et catastrophiques si on les applique au Coran ou à la littérature arabe. Laissons Karim el hanifi ou son faux-semblant Mickael Bayoune nous répondre inchaAllah.

 

Walhamdoulillahi wahdah.

 

Nordine Bennecer.

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22 mai 2020 5 22 /05 /mai /2020 13:27

ETUDE GRAMMATICALE ET LINGUISTIQUE DE LA NON-CRUCIFIXION DE JESUS (AS) DANS LE CORAN 3/4

(Article de Nordine Bennecer)

Aïssa a d’ailleurs éduqué ses disciples en leur montrant ce pouvoir pour qu’ils puissent le constater de leurs propres yeux :

  • Luc 9 : 29 « pendant que Jésus priait, l’apparence de son visage s’altéra et il devint autre ».
  • Mathieu 17 : 2, évoque la transfiguration.
  • Jean 20 : 19-29, Aïssa change d’apparence 2 fois dans une pièce fermée avec ses apôtres.
  • Marc 16 : 12 « Après cela, Jésus apparut sous une autre forme aux apôtres.
  • Jean 21 : 12 Jésus réalise un miracle pendant que les apôtres pêchent et ces derniers lui demandent « qui est-tu » ?

 

  • A deux reprises, Aïssa (AS) a évité la mort en changeant d’apparence :
  1. Il prêche dans la synagogue et les juifs tente de le lapider, c’est-à-dire de le tuer en lui lançant des pierres jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ils sortent chercher des pierres et Aïssa (AS) se cache sur le côté, change d’apparence et sort devant tout le monde comme si de rien n’était.
  2. Luc 4 : 29-30 lorsque Aïssa (AS) fait sa déclaration messianique à la synagogue, il est interpellé et conduit par la foule en colère. Elle tente de le jeter du haut de la montagne mais il s’échappa miraculeusement « en passant au milieu de la foule » Les exégètes disent qu’il a eu recours à la transfiguration.
  • Jean 20 : 13 – 14 : Femme pourquoi pleures-tu ? parce qu’ils ont enlevés monseigneur et je ne sais où ils l’ont mis. En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout, mais elle ne savait pas que c’était lui.
  • Jean 20 : 14 Marie de MagdAllah ne reconnut pas Jésus juste après la scène de la crucifixion, elle le prit pour le jardinier du cimetière.
  • Il apparût aux frères Zébédée de manière différente, au même endroit et en même temps : pour l’un, c’était un enfant, pour l’autre c’était un homme beau et joyeux ; puis il apparût encore pour l’un comme un homme dégarni avec une grande barbe qui vole au vent et pour l’autre, comme un homme avec une barbe qui commence à naître.
  • L’Evangile de Judas, dans lequel Judas est considéré comme le plus grand des disciples de Jésus. Ce dernier lui dit : « Mais toi Judas, tu surpasseras tous les disciples car tu vas sacrifier l’homme qui me servira d’enveloppe charnelle ». D’autres traductions disent « l’homme qui me revêtira », ou « l’homme qui prendra mon apparence ».
  • Nous avons l’épisode avec Thomas qui ne croyait pas que Jésus ait été tué et c’est pour cette raison qu’il dit « Si je ne vois pas dans les mains la marque des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non, je ne croirai pas ». Lorsque Jésus revient et interpelle Thomas, il cherche à démontrer aux disciples qu’il n’est pas mort. Il lui dit et cela est implicite en Jean 27 « Oh toi Thomas qui a dit cela, alors, vient et constate » : « Avance ton doigt, et regardes mes mains ; avances aussi ta main et mets-là dans mon côté. Thomas s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il dit cela car il est convaincu qu’il n’est pas mort et il en est extrêmement touché, d’où son exclamation. Cette dernière expression est toujours utilisée chez les musulmans face à une situation impressionnante. Nous disons, par exemple face à des récitateurs dont la voix est « angélique » (Le Sheikh Abdel Basset RA), mon Seigneur, mon Dieu (Allah, Allahou rabbi…). La personne qui reçoit l’éloge n’est pas divine mais sa voix est extraordinaire et les chrétiens, coupés de tout ancrage culturel à la réalité sémite qui est toujours vivace chez les musulmans, considèrent que la personne qui reçoit cet éloge est de nature divine.

Nous pourrions rajouter l’épisode où Jésus demande que les apôtres le touchent (Luc 24, 39) : « Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu’ils étaient dans l’étonnement, il leur dit : avez-vous quelque chose à manger ? ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il en mangea devant eux. » Pourquoi cette situation ?

Tout simplement parce qu’ils le croyaient mort et qu’ils avaient affaire à un revenant, un esprit, un fantôme car très peu connaissaient son pouvoir. Le fait qu’il demande à être touché, à manger, à ce que l’on son constate son absence de blessures, démontre aisément qu’il était bel et bien vivant et qu’il n’est pas mort. Il a une nouvelle fois utilisé une apparence pour tromper ses ennemis.

Ajoutons enfin un dernier exemple qui démontre la perfection coranique, celui de la scène du supplicié criant sur la croix crie : « Eli, Eli, lama sabachtani », traduit par « mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! ».

Cette traduction n’a aucun sens car l’expression « lama sabachtani » vient de l’araméen (tout comme l’hébreu), qui précisons-le est une variante de la langue arabe et qui seule a résisté au temps et la notion d’abandon est traduite ici par le verbe « sabaqa » et non « sabacha ».

« Sabacha » tout comme en arabe « sabagha » signifie modifier l’apparence d’une chose, teindre, peindre, recouvrir un objet ou une personne d’une autre chose. Nous retrouvons cette signification dans les noms de famille des sépharades tels que Sebbag, Sabbag, Sebbagh, Sabbagh ou les mêmes noms avec un seul « b », notamment dans le cadre de la francisation. Cela nous renseigne sur leur métier qui est peintre, teinturier.

Nous trouvons aussi cette signification chez les berbères dans l’expression « Adh sabbghagh l’odho » qui signifie faire ses ablutions et contient l’idée de se recouvrir d’eau pour se purifier.

En conséquence, cette traduction prend alors tout son sens : « mon dieu, mon dieu, pourquoi as-tu modifié mon apparence » ! « Pourquoi m’as-tu recouvert de l’apparence d’un autre » ! et nous faisons le lien avec l’Evangile de Judas dans lequel Jésus dit : « Mais toi Judas, tu surpasseras tous les disciples car tu vas sacrifier l’homme qui me servira d’enveloppe charnelle », « l’homme qui me revêtira », ou « l’homme qui prendra mon apparence ».

Tous ces exemples démontrent que Aïssa avait le pouvoir de changer d’apparence et les spécialistes le savent mais ils n’en parlent jamais… car cela confirmerait la version coranique dans la correction de leur compréhension et réduirait à néant le sacrifice et ce qui s’y attache.

Il s’agit donc d’un Aïssa docétique c’est-à-dire d’apparence. De nombreux évangiles, notamment apocryphes évoquent l’idée qu’il pouvait prendre l’apparence qu’il voulait.

On parle de métamorphose, du grec « méta » = mutation, « morphe » = apparence extérieure, « sis » = processus.

C’est un processus de modification de l’apparence extérieure de Aïssa (AS) qui consiste, non pas en une modification de la personne mais en une transformation de sa manifestation, c’est-à-dire que la manière dont il est perçu par les gens est modifiée, mais en tant que tel, il ne change pas d’apparence. Pour cette raison, les gens n’ont aucune prise sur la situation (cf. forme passive du verbe) et leurs yeux ont été forcés de voir ce qui n’était pas. Le but était de les tromper, d’où l’expression « faux-semblant ».

C’est donc par l’expression arabe « shoubiha lahoum » que l’on comprend que Aïssa a pris une autre apparence pour tromper les gens qui cherchaient à le tuer et que cela s’est imposé à eux, d’une manière telle qu’ils n’ont rien pût faire ou remarquer.

D’ailleurs, la Bible confirme qu’il n’a pas été tué car tout d’abord, le messie attendu n’est pas censé mourir (Esaïe 53).

Dans Mathieu 4, v 6, le diable dit à Aïssa (AS) de se jeter du haut du temple s’il est le fils de Dieu car il est écrit : « il donnera des ordres à ses anges à ton sujet et ils te porteront sur les mains de peur que ton pied heurte une pierre ». A plus forte raison, que dire des souffrances infligées sur la croix ?

De plus, les anges de dieu te garderont de tout fléau, de tout mal. Le mot « Tout = koullou » signifie qu’aucune possibilité n’est ouverte et que toutes les portes du mal sont fermées au messie. Il est protégé quoi qu’il arrive.

« Puisqu’il m’aime, je le délivrerai, je le protégerai et je le glorifierai. Il m’invoquera et je l’exaucerai.

Aïssa (AS) a invoqué Dieu pour ne pas mourir par la crucifixion (par 3 fois Mathieu 26, 39) et il est rapporté dans Hébreux 5, v 7 : « Jésus a invoqué à grands cris, larmes, supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. Et ayant été exaucé à cause de sa piété.

Bart Ehrmann confirme cela dans son site internet en disant : « The messiah was to be a figure of grandeur and power who overthrew the enemy. Anyone who wanted to make up a messiah would make him like that. Why did the Christians not do so ? Because they believed specifically that Jesus was the Messiah. And they knew full well that he was crucified. The Christians did not invent Jesus. They invented the idea that the messiah had to be crucified ».

Cet auteur, considéré comme l’un des plus grands spécialistes du Nouveau Testament confirme que l’idée de crucifixion de Jésus a été inventée par le chrétiens. Elle n’est contenue ni dans les textes, ni conforme à l’idée du messie attendu.

Il a été sauvé de la mort par Allah, seul à pouvoir le sauver et Aïssa (AS) a utilisé une apparence trompeuse comme il l’a précédemment fait.

 

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